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  • Photo du rédacteurFrançoise Mommens

Ces PME qui disent n’avoir « aucun besoin » d’innovation


Dans la grande enquête 2020 de QuebecInnove sur l’innovation et les PME, j’ai été frappée par la statistique suivante (page 81) : « Les entreprises n’ayant réalisé aucun projet concret d’innovation avancent surtout les freins suivants : le sentiment de n’avoir aucun besoin à ce niveau », et ce pour 41 % !

Inutile de dire que ce chiffre nous a largement fait sursauter : 41 %!

Il nous a fallu quelques recherches et lectures pour comprendre cette étrange réponse.


Des données qui confirment les craintes


Eh bien, en 2016, une équipe de recherche de l’Impact Center de l’Université de Toronto, -- qui a interrogé 1 000 travailleurs du savoir Canadiens et Américains (tous employés et titulaires d'un diplôme universitaire) pour évaluer leur attitude à l'égard de

l'innovation --, a démontré que les Canadiens étaient à la traîne par rapport à leurs homologues américains en ce qui concerne leur attitude vis-à-vis de l'innovation.

Leurs principales conclusions allaient dans ce sens (en gros) : « Les Américains sont davantage disposés à prendre des risques, tandis que les Canadiens manquent de cran et de persévérance. »


L'étude a également révélé que les Américains ont une attitude fortement positive à l'égard de l'innovation. En plus de mesurer la « volonté d'innover », les scientifiques ont examiné des éléments tels que le « cran » et « l’ouverture au risque » dans les deux pays et selon trois groupes d'âge (moins de 35 ans, 35 à 44 ans et plus de 45 ans).

Alors que la volonté d'innover des participants variait de 14 à 28 %, seuls deux des six différents groupes mesurés ont dépassé la barre des 25 %. Cette volonté de prendre des risques est donc très révélatrice (Source : HBR, février 2020).


Un mot qui peut faire peur


Pour certains, encore, innover signifie « essais et erreurs » donc « coûts » et « perte de temps ».

Malheureusement, on ne fait jamais d’omelette sans casser d’œuf. Innover demande du temps de l’ouverture d’esprit et un minimum de rigueur. Ce processus s’inscrit dans une culture d’entreprise visant à valoriser la créativité et l’écoute active. Il exige de laisser la place aux idées, sans barrières ni préjugés et requiert la participation de tout un chacun.

Dans un monde où chaque entreprise doit relever le défi de se garder un avantage concurrentiel sur son voisin, il est de plus en plus impensable de ne pas se renouveler. Les besoins et habitudes de consommation changent, les marchés évoluent rapidement… difficile alors de rester impassible et immobile.


Consciemment ou non, en affirmant qu’elles n’ont « aucun besoin particulier d’innover », ces PME semblent n’avoir qu’une vision à court terme de leur marché. Le nez dans le guidon, à la limite de leurs capacités (financières et/ou en matière de main d’œuvre qualifiée), elles répètent des gestes maintes fois exécutés, sans réelle remise en question. Mais un jour, le vélo se fera distancer et prit dans un engrenage d’habitudes, il n’aura plus de latitude pour éviter une sortie de route.


Si elles affirment n’avoir ni temps ni ressources pour innover, comment pourront-elles sortir de la crise sanitaire qui plombe l’économie depuis mars dernier? Ce n’est manifestement pas en temps de guerre qu’il faut soupeser le ratio risque/bénéfice. Les temps incertains que nous connaissons aujourd’hui devraient plutôt pousser les entreprises à être plus réactives.


Et si le mot « innover » vous semble trop audacieux, appelez-le autrement : une « bonne idée », une « nouveauté », etc. Sans sortir l’artillerie lourde, vous pouvez commencer avec une boîte à idées, des lunchs-causeries, un concours d’idéation. Faites appel à vos partenaires d’affaires, interrogez vos clients… D’autant plus qu’une culture d’innovation dynamique apporte de nombreux bénéfices annexes dans une organisation (la rétention de main d’œuvre qualifiée par exemple).


Et comme l’a dit l’homme d’affaires japonais Akio Morita, « Tout le monde peut innover, si sa vie en dépend ».


Françoise Mommens

Spécialiste en intelligence de marché

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